Levée à 5 heures à Amsterdam, et prête à 10 heures à Bruxelles – le sourire aux lèvres s’il vous plaît. Chapeau ! Difficile de suivre le rythme de Joan, international relations officer de Gabriela, l’organisation de défense des droits de la femme avec laquelle nous collaborons aux Philippines. Notre capitale est la dernière étape de sa tournée européenne. Une occasion que nous n’entendions pas laisser passer. Rencontre avec cette femme pas comme les autres.
Bonjour Joan ! Qu’est-ce qui vous amène à Bruxelles, mis à part une rencontre avec Ello Mobile ?
Joan : Un événement qui doit devenir une étape cruciale dans l’histoire de Gabriela. Notre organisation sensibilise le public à la problématique des droits des femmes aux Philippines. Mais il y a dans d’autres parties du monde tout autant de migrants philippins qui ont besoin de notre aide. Pensez par exemple aux victimes de la traite des êtres humains. C’est pourquoi nous avons créé plusieurs services dans d’autres régions, comme aux États-Unis, en Australie et au Japon, mais aussi aux Pays-Bas et en Italie, à Rome. Nous souhaitons à présent développer ce bras européen et le doter d’encore plus de ramifications. Y compris en Belgique.
C’est un projet qui semble prometteur ! Où en est aujourd’hui la situation aux Philippines ? L’an dernier, vous nous expliquiez que les victimes du typhon Haiyan n’avaient toujours pas reçu d’aide de la part du gouvernement. Les choses se sont-elles améliorées ?
Joan : C’est exact. Chacun famille qui avait perdu son toit suite au typhon avait normalement droit à 30 000 pesos. Le gouvernement précédent n’a hélas pas en mesure de distribuer systématiquement ce montant. Mais grâce à l’aide d’organisations internationales, nous avons déjà pu réaliser de nombreuses choses. Nous avons travaillé avec plusieurs communautés pour de redonner vie à l’agriculture locale. Nous espérons que le président Duterte (NDLR : Duterte est au pouvoir depuis le 30 juin 2016) apportera un peu de changement.
Le président Duterte n’est-il pas connu pour sa vision plutôt controversée concernant les droits de l’homme ?
Joan : Nous nous montrons en effet très critiques à l’égard de certaines de ces actions et déclarations. Je pense par exemple aux obsèques de Marcos, notre ancien dictateur, qui a été enterré en héros. Nous avons vigoureusement protesté, mais cela n’a rien changé. En revanche, Duterte a relancé les pourparlers de paix entre le gouvernement et le Front national démocratique. C’est une première étape importante pour mettre définitivement fin au combat armé. Dans ce cadre, Gabriela milite afin que les droits de la femme figurent à l’ordre du jour de ces pourparlers.
Pour quelles autres raisons êtes-vous optimiste concernant la présidence de Duterte ?
Joan : Nous sommes ravis qu’il ait nommé plusieurs ministres progressifs. Ka Paeng, le célèbre leader du mouvement paysan, a été désigné ministre de la réforme agraire, et Judy Taguiwalo, l’ex-représentante du Gabriela Women’s Party, s’est vu confier le portefeuille des affaires sociales et du bien-être. Des enquêtes approfondies sont actuellement menées sous sa direction afin de savoir ce qu’il est advenu des fonds destinés aux victimes d’Haiyan. Ce sont des responsables politiques avec lesquelles Gabriela peut nouer des relations étroites.
Comment vous y prenez-vous exactement ?
Joan : Nous avons déjà pu convaincre plusieurs politiques haut placés de signer des engagements en faveur des droits des femmes. Nous pouvons ainsi mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il mette en œuvre certaines lois. La loi contre la discrimination au travail, qui interdit la discrimination des femmes en milieu professionnel, est passée il y a peu. Nous poursuivons aussi d’autres objectifs importants, comme la légalisation du divorce (NDLR : la loi interdit toujours aux Philippins de divorcer), la libération des prisonniers politiques et la quête du bien-être social et économique.
Ello Mobile ne manquera pas de continuer à faire de son mieux pour vous y aider. Merci Joan !
> Découvrez d’autres articles au sujet de Gabriela