La société Fairphone, qui défend une vision éthique des activités commerciales, a été créée l’année dernière avec un capital de départ de plus de 7 millions d’euros réunis grâce à un financement participatif. En mai 2013, l’entreprise n’espérait écouler que 5 000 exemplaires de son téléphone équitable, mais le vif intérêt suscité par ce produit responsable l’a incitée à élargir la première production à 25 000 unités. En novembre, tous les smartphones produits avaient été vendus, dont 1 000 à la société de télécoms néerlandaise KPN et le reste à des particuliers aux Pays-Bas et ailleurs dans le monde.
325 euros
Selon Fairphone, ces smartphones durables se distinguent des produits commercialisés par les géants du secteur, comme Apple et Samsung, par les matériaux utilisés et le mode de production. Les minerais contenus dans l’appareil sont extraits dans une région du Congo où aucun conflit armé ne fait rage. En outre, ce smartphone Android est assemblé en Chine par le fabricant A'Hong, qui propose des conditions de travail et de rémunération convenables. Enfin, le Fairphone, vendu au prix de 325 euros, peut aussi être réparé facilement.
Les consommateurs prennent de plus en plus conscience que leurs gadgets high-tech ont parfois suivi un bien sombre parcours : des informations en provenance de Chine font état de conditions de travail infernales dans les usines d’assemblages, et des récits inquiétants arrivent du Congo concernant les mines d’où sont extraits les matériaux utilisés dans les GSM. L’exploitation minière est l’un des moteurs qui alimentent la violence dans la région : travail des enfants ou encore exploitation des travailleurs. Les anciens appareils sont par ailleurs une source de déchets électroniques, et donc de pollution environnementale.
Autant de raisons qui poussent Fairphone à vouloir développer un téléphone qui soit « équitable », sans forcément être le plus rapide ou le plus puissant. La société achète des minerais auprès d’organisations comme la Conflict Free Tin Initiative et Solutions For Hope. Elle choisit également des usines chinoises certifiées par LaborVoices et collabore avec des organismes de recyclage comme Closing The Loop.
Économie cyclique
L’objectif ? Créer un smartphone qui ait sa place dans une économie cyclique, c’est-à-dire qui puisse être désassemblé en fin de vie et dont les matériaux peuvent en grande partie être réutilisés. Une démarche qui profite à l’environnement et qui permet aussi de réduire la quantité de matériaux bruts qui doivent être extraits des mines d’étain, de cuivre et de cobalt. En outre, contrairement à de nombreux modèles actuels, l’appareil sera pourvu de vis standard, afin que l’utilisateur puisse lui-même changer ou ajouter des pièces si nécessaire.
Pour l’utilisateur, la différence est à peine perceptible : le Fairphone tourne sous Android et, selon ses concepteurs, les capacités graphiques constituent le seul domaine dans lequel les performances de l’appareil sont réellement différentes des autres smartphones. Le téléphone équitable ne se prête donc pas aux jeux 3D.
Fairphone a déjà reçu les 25 000 appareils suivants, dont plus de la moitié a déjà été expédiée. Il ne reste plus qu’à espérer que le succès continue à être au rendez-vous.